Photographe professionnel amené à parfois montrer mes photos, je me suis dit qu'un cadre photo numérique pourrait constituer un complément intéressant aux tirages papiers. Si ces derniers restent la référence, ils sont difficiles à transporter en grand nombre et manquent à cet égard un peu de souplesse.
A l'examen sur l'étagère du vendeur, les cadres dont la surface inerte est plus grande que l'affichage actif ou bien dont l'écran brillant est fortement pollué par les reflets s'éliminent d'eux mêmes. De ce point de vue, le Pulse de Kodak se détache immédiatement. Sa surface mate offre une grande qualité de visualisation malgré l'ambiance assez lumineuse. L'écran tactile est souple mais sa surface ne semble pas trop fragile. En magasin, il est impossible d'apprécier la manipulation tactile car l'exemplaire de démonstration est verrouillé. La prise en main est sympathique. La seule prise USB est destinée à recevoir une clef mais non à relier l'écran à un ordinateur mais, comme la présentation de l'appareil met en avant sa forte connectivité et qu'il est doté du wifi, on se dit qu'il doit "naturellement" être accessible en s'intégrant au réseau domestique. Par ailleurs, ces engins ne semblent pas être perçus comme des systèmes autonomes et l'usage ne s'est pas (encore?) répandu de les doter d'une alimentation autre que le "fil à la patte" fourni avec. Il faudra donc acquérir une batterie externe en 5V 1,5A pour le rendre autonome. C'est donc dit, le choix se porte sur un cadre Kodak Pulse 7" (18 cm), pour un prix inférieur à 100 €.
Le cadre Pulse rendu autonome par une batterie externe HQ-UBT-2400. |
A l'ouverture de la boîte, l'objet est bien emballé. Inutile de chercher le manuel... le seul papier présent dans la boîte est l'obligatoire drap de lit de garantie et de sécurité en 26 langues (loupe non fournie). Le branchement de l'alimentation et le choix de la langue vont bien mais, ensuite, l'écran du cadre affiche de manière très directive une procédure, avec une trompeuse apparence de simplicité en trois étapes "faciles" [sic] : se connecter au réseau sans fil, créer son compte en ligne, ajouter des images.
Déjà, il semble curieux que l'on ne puisse pas se servir de son cadre avant de l'avoir connecté à l'internet... Le bouton permettant de sortir de cette procédure ne donne accès qu'au diaporama d'exemples et à un écran verrouillé... L'insertion d'une clef USB avec des images derrière le cadre ne produit aucune réaction... A première vue, il paraît donc indispensable de passer sous les fourches caudines de la connexion internet.
Au deuxième essai, après avoir placé l'appareil dans la même pièce que l'émetteur wifi, le cadre détecte le réseau sans fil. Seulement voilà, en plus de la clef de sécurité, je ne permets la connexion à ma box qu'aux appareils dont l'identité matérielle définie par la clef MAC est préalablement entrée dans la configuration du réseau. La clef MAC en question n'étant pas visible sur la boîte du cadre ni sur l'engin lui-même, où puis-je la trouver ? Grâce à un petit coup de pouce de l'ami Google, le site de Kodak fournit un manuel au format pdf qui donne la réponse en page 28 sur 45 (vive la fonction de recherche !).
Une fois la connexion effectuée, le manuel dit qu'il faut se connecter en parallèle avec son ordinateur au site de Kodak, y créer un compte gratuitement puis suivre les instructions pour déclarer son cadre. Ce n'est pas trop difficile mais la clef pour accomplir cette étape est le code d'activation affiché à ce moment là par le cadre... ou du moins qui devrait être affiché à ce moment là par le cadre car la zone correspondante reste désespérément vide ! La relecture du manuel indique qu'on peut alternativement entrer le code qui figure sur l'emballage extérieur du cadre... On se félicite de ne pas l'avoir mis tout de suite à la poubelle mais, malheureusement, ce code n'est pas reconnu sur le site de Kodak...
Alors qu'on est plongé dans l'expectative, le cadre affiche qu'une mise à jour du micrologiciel est disponible et fortement recommandée... Est-ce bien le moment ? Faute d'autre option, on touche l'écran pour valider la mise à jour qui s'achève en affichant miraculeusement le code d'activation souhaité. Fichtre, ne serait-il pas possible de faire plus simple et plus explicite ?
Au bout d'un moment, le cadre est déclaré "autorisé" par Kodak, on en est presque reconnaissant...
A ce stade, il ne reste plus qu'à charger des photos. Grâce à un assistant logiciel, le site de Kodak présente successivement quatre méthodes pour ce faire :
In extremis, l'utilisateur apprend qu'il peut aussi afficher des images présente sur une clef USB, une carte SD ou une carte MS. Il est ainsi heureux d'apprendre que les prises situées à l'arrière du cadre peuvent bien servir. D'ailleurs, a posteriori, la lecture du manuel laisse penser que le passage par la case wifi n'était peut-être pas indispensable pour lire des images depuis un tel périphérique. Un autre paragraphe permet peut-être de comprendre pourquoi le test initialement effectué n'a pas fonctionné car il est écrit que "les disques durs externes doivent être autoalimentés et formatés au format FAT32." C'est la seule indication donnée mais il est loisible de supposer que cela s'applique aussi aux cartes et clefs USB. De fait, après reformatage en FAT32 sur l'ordinateur et chargement avec quelques images, la carte SD utilisée est reconnue et la lecture des images est possible.
Toutefois, les premières utilisations réservent deux surprises.
En définitive, la stratégie adoptée pour exploiter le cadre consiste à :
Dans les trois derniers cas, jusqu'à plus ample informé, il semble qu'il faille accepter une présentation des images dans un ordre aléatoire.
1. Lorsque Java est installé sous GNU/Linux, les navigateurs internet ne parviennent pas toujours à le prendre en compte. Le remède dépend non seulement des logiciels mais aussi de leurs numéros de version. Les utilisateurs de Chrome et/ou Firefox sous Ubuntu pourront trouver quelques indications (testées sous Lucid Lynx) à cette adresse.
2. Le cadre exige que les périphériques (clef USB et cartes) soient formatées en FAT32. Sous linux, dans un terminal, après connexion de la clef USB ou d'un adaptateur USB portant une carte, la commande mount affiche une liste des partitions montées dont, pour le périphérique concerné, une réponse du type :
/dev/sdb1 on /media/disk type ... (...) .
Pour l'exemple de la ligne qui précède (à transposer si la partition n'est pas sdb1), après avoir bien vérifié qu'il n'y a pas d'erreur d'identification et pas de données sur le périphérique, le formatage en FAT32 (qui efface tout) s'obtient par les deux commandes :
umount /dev/sdb1
mkfs.vfat -F 32 /dev/sdb1
et il suffit de débrancher et rebrancher la clef pour y placer les images voulues.
Carte MS, montée sur un adaptateur USB, en cours de formatage. |
3. Si le nombre d'images à placer sur le cadre est important, il devient vite fastidieux de toutes les redimensionner manuellement. Le petit script bash suivant (à placer dans un fichier exécutable cadre.sh enregistré dans le même dossier que l'ensemble des images *.jpg à convertir) s'acquitte de la tâche automatiquement (à condition que la suite ImageMagick soit installée) :
#!/bin/bash
clear
echo "======================================"
date -R
echo "C'est parti !"
echo "======================================"
echo "Adaptation des images au format 800x600"
NBIMAGES=0
for IMAGE in *.jpg
do
let $[ NBIMAGES+=1 ]
convert "$IMAGE" -resize 800x600 -gravity center -background gray -extent 800x600 -quality 85% "cadre-$IMAGE"
echo -n "."
done
echo ""
echo $NBIMAGES" images furent mises au format du cadre."
echo "======================================"
date -R
echo "C'est fini !"
echo "======================================"
Il donne le nombre d'images traitées et produit, à côté des images initiales, dans le même dossier, des images réduites renommées cadre-*.jpg prêtes à charger sur le cadre.
Au total, du point de vue matériel, le cadre s'avère un produit de qualité présentant une visualisation contrastée et lumineuse rendant hommage aux photos présentées. Cependant, son ergonomie laisse à désirer. Les options logicielles offertes ne sont pas inintéressantes mais elles devraient intervenir comme des extensions d'une utilisation basique et être convenablement expliquées. Cela dit, il est possible de contourner les contraintes rencontrées et d'arriver à une utilisation satisfaisante, au prix de concessions mineures et de quelques manipulations un peu techniques.